Une ivresse efface mille tristesses

 

Il y a fort fort longtemps, un démon vint sur Terre. Azael était son nom.

 

La sombre créature projettait depuis longtemps déjà de renverser son Prince dont l'inactivité lui pesait, et d'assoir sa domination sur Terre et en Enfer. Mais il fut déçu en arrivant à l'ère moyen-âgeuse. Une époque fort plaisante, il est vrai, mais pas suffisamment développée pour ses projets de conquête. 

 

Cela n'empêcha pourtant pas l'hideuse entité d'engendrer une créature à son image, qu'il destina à semer la discorde à travers le monde. Cette créature maudite fût le premier vampire. 

 

Sa mère, une humaine, le nomma Tristan. Bien que le géniteur en soit un monstre, elle aimait son rejeton et l'éleva comme tel lorsqu'Azael s'en fut allé. 

 

Malheureusement, le père avait doté l'enfant de sa soif sanglante et la mère en mourru. Tristan grandit, apprit, comprit. 

Monstre. Démon. Vampire. On lui donna bien des noms à celui qui traversa les époques sans jamais vieillir, une fois l'âge adulte atteint. 

 

Des siècles plus tard, Azael revint sur Terre et lui donna une demi soeur. Bien loin des espérance de son géniteur, Tristan se promis de veiller sur elle en secret. Elle était sa seule famille après tout, également fruit d'une union sacrilège. Cependant, il prit toujours soin de se cacher de cette douche créature, si différente en dépit de leur semblante ascendance : elle n'a pas hérité de la nature monstrueuse du démon. 

 

Vampire. Cette nature en vint à l'écoeurer, à force de voir périr les rares personnes aux quelles il s'était attaché. A force, aussi, de les mettre en danger du fait de son sanglant besoin. Car Tristan ne pouvait se passer du sang des humains. Il lui fallait contenter la bête en lui, ou bien il courrait le risque de se faire annihiler par sa propre condition. 

 

Alors Tristan tue parfois, et bois souvent. En espérant tuer le monstre qui sommeille en lui. Et cela, en dépit de sa nature vampirique se reflète sur son physique. Ses cheveux, qu'il porte mi-longs, autrefois ondulés et d'un blond éclatant comme le blé mûr au soleil paraissent désormais ternes et cassant. Presque filasses. Ses yeux ambrés d'ordinaires pétillants, ou à défauts, vivants, s'éteignent de plus en plus souvent.De la même façon, il se fait rare de voir un sourire orner ses lèvres que souligne une barbe en désordre.